« - Ton crime est d'être née avec ses yeux rouges »
Son crime, mais quel est vraiment le crime des enfants maudits ? Celui d'être né avec des yeux rouges ou bien celui d'être né ? À vrai dire aujourd'hui encore elle ne sait pas vraiment pourquoi elle fut la victime de la discrimination des Hommes. Mais c’en était ainsi, il y a tellement peu de temps, elle aurait juré à haute voix son désaccord, mais depuis qu'elle a eu la chance de survivre à ses pairs, Lacie se faisait plus discrète. Du moins, c'est ce qu'elle pensait, mais c'était elle qui s’était mis en plein milieu d'un bâtiment public et rencontré quelqu'un, qui semblait l'avoir déjà vu.
Lacie ne savait plus trop comment réagir face aux autres personnes, enfin celle de ce « Nouveau » Monde. Nouveau dans le sens où elle l'avait quitté depuis plus de cent ans, des choses avaient tellement passés. Des gens étaient allés et venus si vite, elle, elle avait attendu son heure, son retour dans ce monde si pourri, mais pourtant celui qu'elle aimait tant. Elle n'aimait pas forcément la gloire des Baskerville, elle aimait la vie tout simplement. Baskerville ou non ça ne faisait pas de différence. Mais ça faisait quelques jours qu'elle marchait, Lacie ne savait pas vraiment vers où elle marchait, mais c'est en voyant ce grand jardin qu'elle comprit où elle était. Le manoir Baskerville, aujourd'hui nommé le manoir du sacre hein ?
Lacie commença par rentrer à l'intérieur en ce demandait vraiment si c'tait ici qu'elle avait vécue. Puis elle se posa sur le rebord d'une fenêtre, pensa à des choses et autres. Puis, elle se leva et fit le tour de la pièce en arpentant chaque mur, chaque tableau, chaque chose qui l'avait vu grandir ici. Elle était arrivée là par pur hasard, enfin c'est ce qu'elle avait cru, toutes les choses de son manoir délabrées étaient désormais maudites et rouillées, comme ses yeux...
Des yeux maudits.
Elle n'avait jamais demandé à naître avec ces yeux, mais la vie, grâce à eux, elle la voyait autrement, elle ne voyait plus tout ce négatif qui la poursuivait sans relâche, elle voyait le plus souvent, le plus merveilleux, ce que les autres ne voyaient pas, trop occupé par leurs futiles problèmes, alors que pour elle, pour Lacie, son seul souci s'était de savoir quand viendrais le jour de sa mort. De ce qu'elle allait faire pour s'occuper jusque-là. Néanmoins, elle avait relativement bien vécu, elle n'a manqué de rien, sauf d'amis et d'amour… ? Quoique si tous les amis qu'elle aurait pu avoir étaient comme Jack, un seul comme lui lui suffisait amplement.
Mais, malgré toute cette vie remplie de rien, elle n’était satisfaite, de tout, de ce qu'elle avait fait de ce qu'elle n'avait pas fait, des chuchotements qu'elle avait prononcés tout haut. De toute cette décadence qu'elle incarnait, de tout ce qu'elle était. Elle était fière d'elle à la place de ceux qui ne le seraient jamais, après tout, elle n'était qu'une enfant maudite. Une enfant maudite que certains avaient aimée…
D'ailleurs, elle retourna dehors avant de s'engouffrer dans un trou, des escaliers descendaient jusqu'au sol. C'était une sorte de chambre, mais en plein air, il n'y avait qu'un arbre et une croix dorée à son pied. De son temps, cette croix n'était pas là. Ce qui la força avec nervosité à taper du pied :
« - Mais qu'est-ce donc que cette croix bon sang ! » déclara-t-elle dans le vide.
Elle tourna d'ailleurs autour de l'arbre pour tenter de faire aller plus vite sa réflexion, qui pouvait bien être enterrée ici ? Revis ? Mamie Baskerville ? Oswald ? Elle continua de tourner puis s'arrêta net devant la tombe, sa robe avec elle, dans un crissement de satin rouge et de volant de soie. Elle avait mal aux pieds et la tête qui tournait comment pouvait-elle réfléchir calmement… Enfin, elle s’accroupit devant ladite stèle et se concentra sur elle. Elle voulait des réponses tant de réponses, mais qui pouvait bien lui donner hormis une personne revenue dans ce monde avant elle ?
Sans un bruit, elle posa sa main là où devait se trouver le prénom du défunt, mais rien, juste rien, pas même un signe qui lui permettait de voir qui cela pouvait bien être. Elle décida finalement de s’asseoir et de bouder un peu. Ce Nouveau Monde, il n'était pas de son goût, elle n'avait personne avec qui jouer, ou bien discuter. Elle leva les mains au ciel et murmura :
« -Envoyez-moi un signe… N'importe quoi ! »
Puis elle attendit comme ça un moment et ce décida enfin à pousser une petite chansonnette joyeuse, pour se remonter le moral, après tout, il faisait beau pourquoi déprimer.